Tante Arie ou tante Airie (selon la prononciation franc-comtoise)
Emmitouflée de châles, les pattes d'oie pelotonnées dans ses charentaises, assise près du poêle, Tante Arie sommeille au rythme des ronrons du chat... Abandonnés aux araignées, le sac de grêle et le bâton à foudre s'empoussièrent. A force d'avancer en âge, la meneuse de nuées sauvages n'a plus trop envie de bousculer la météo, de tirer la bordée solaire ! Derrière la buée de ses lunettes, elle perçoit les agissements des hommes. Ses noires colères sont passées, endormies par des journalières infusions de tisanes philosophiques.
Pourtant, les anciens se souviennent de ses frasques et colères, lorsque chevauchant les Hargnes elle frappait la campagne de sa trique à foudre !! Tante Arie, ne sort maintenant qu'une fois l'an : à la Noël, elle émerge de sa demeure perdue au fond des forêts franc-comtoises, enfourche un âne aérien et retrouve ses pouvoirs de jeunesse.
Elle offre des cadeaux aux enfants sages, qui ont laissé carottes et navets pour son bourriquet, menace les garnements, les coiffe d'un bonnet d'âne, vérifie la bonne tenue de la cuisine, inspecte les meubles et les nids de poussière !
Autrefois, elle récompensait d'une bourse d'or les meilleures fileuses, aujourd'hui elle dépose aiguilles et pelotes de laine aux bonnes tricoteuses. On dit qu'elle peut encore se transformer, faire tomber la neige en secouant se chemise, trouver un mari aux jeunes filles qui viennent lui apporter des présents.
Sa tournée terminée, Tante Arie repasse par son Jura chez son amie Berthe, la Fileuse qui ne voit plus personne et ne quitte plus son logis depuis que les femmes ont remisé la quenouille !
La bonne dame est devenue frileuse et son visage a pris la teinte de l'ivoire jauni, sa chevelure s'est dégarnie en pelotons filasse. On dit qu'il ne lui reste qu'une dent (mais n'allez pas vérifier !). Le regard de cristal au fil des ans a gagné en bonté et éclaire tendrement à travers les verres de ses lunettes. Elle boitille lentement sur ses antiques pattes d'oie mais elle peut cependant trottiner gaillardement pour visiter les cheminées franc-comtoises.
Elle a troqué le baton de foudre contre une canne, le sac de grêle contre une hotte de joujoux !!
Elle vit dans un petit chalet au flanc des collines au creux d'une vallée du Jura ... Dans sa demeure, calme et paisible, on entend le tic-tac d'un coucou, un poêle chantonne et ronfle même en été car elle a toujours la goutte au nez et les pieds gelés !! ça ne vous rappelle rien ?
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