Chapitre 15 : août à Londres
- août - banlieue de Londres -
L'air chaud et humide du mois d'août pesait sur la capitale Londonienne. Une jeune fille se hâtait, longeant les maisons, à la recherche d'une ombre éventuelle, évitant la touffeur de la rue.
A un carrefour, elle dut quitter cet abri factice pour se diriger vers un passage piétons. Une voix la héla :
- Lena !
Elle se retourna d'un bloc. Un homme grand, mince, vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise grise se détachait lentement de l'abri d'un porche.
- Severus ?
Il avança vers elle, grave comme à l'accoutumée, mais ne prononça aucune parole. Elle lui tendit la main.
- Viens, ne restons pas là, j'habite tout près.
Elle l'entraîna de l'autre côté du carrefour, puis dans une petite rue adjacente pour enfin s'arrêter devant une structure qui ressemblait à un ancien garage aménagé. Une porte vitrée portait un écriteau « cours de danses classique et irlandaise ».
Lena prit la clé dans la poche de sa robe d'été et ouvrit. Elle laissa entrer Severus dans une petite pièce, une sorte de sas, pourvu de patères, où sans doute les élèves laissaient leurs vêtements mouillés et leurs parapluies à la mauvaise saison.
De nouveau, elle ouvrit une porte qui donnait sur la salle de danse, spacieuse, éclairée par des baies vitrées en hauteur, parquet, miroirs et barres, l'équipement classique d'une salle de danse, mais tout semblait neuf.
Elle traversa la grande salle, entraînant son compagnon pour se diriger vers le fond où une autre porte ouvrait sur une pièce comportant un bureau, une table de maquillage, un sofa.
- Assieds-toi, je t'en prie, dit-elle en désignant le sofa.
Elle ouvrit un petit réfrigérateur et en sortit une carafe contenant un liquide ambré.
- Du thé glacé ? c'est rafraîchissant.
- Oui, merci répondit laconiquement Severus qui prit le verre que lui tendait Lena. Il but à petites gorgées, jetant un oeil tout autour de lui.
- C'est ici que tu vis maintenant ? interrogea-t-il.
- Non, je vis toujours chez mes parents adoptifs, mais ici, c'est mon bureau, ma salle de repos. Entre deux cours, je peux travailler, composer, être seule.
Sa voix avait baissé sur les derniers mots.
Un silence plana. Lena le rompit
- Tu me guettais dans la rue tout à l'heure ? depuis combien de temps ?
- Je suis venu déjà deux fois, sans succès.
- Mais pourquoi n'es-tu pas allé à mon adresse ? tu la connais ! s'exclama Lena
- Je n'étais pas sûr que tu veuilles me revoir, après tout tu as repris ta vie ici, tu as pu changer.
- En un mois et demi ? coupa Lena
- Pourquoi pas ? tu avais le droit d'oublier cet épisode de Poudlard. Ta vie est ici maintenant.
Lena regarda attentivement Severus. Il paraissait plus jeune dans cette tenue moderne, la chemise légère ouverte au col, ses longs cheveux noirs attachés sur la nuque en catogan, mais il était toujours aussi pâle, les traits tirés.
Elle vint s'asseoir sur le sofa près de lui.
- Tu ne changeras jamais, dit-elle doucement, toujours des doutes ?
- Comment ne pas en avoir ? répondit-il à voix basse. Comment se fier ? tu aurais pu rencontrer quelqu'un de « ton monde »
- En si peu de temps ? Je ne savais pas que j'avais autant de succès, le ton de Lena était moqueur presque sarcastique.
Severus haussa les épaules d'un air fataliste.
- Alors si c'est ce que tu pensais de moi, pourquoi es-tu venu m'attendre dans la rue ?
- Pour te voir, dit-il d'une voix faible en baissant la tête.
- Et maintenant ? interrogea Lena
Il releva son visage et d'un geste machinal essaya de balayer ses cheveux qui d'ordinaire masquaient son regard. Lena sourit à l'évocation de ce geste si souvent reproduit.
Elle passa les mains derrière la nuque de Severus, fit glisser l'élastique, libérant la masse des cheveux sombres.
- Là, je te retrouve, dit-elle d'une voix douce.
Elle caressa son visage, cherchant sous ses doigts à lisser les traits crispés. Leurs regards s'accrochèrent, se fondirent l'un dans l'autre. Les yeux mordorés de Lena dans les prunelles sombres de Severus. Le message qu'ils se transmettaient était intense, compris d'eux seul.
Ils s'étreignirent, leurs lèvres se cherchant : doucement, timidement, comme pour retrouver les sensations oubliées, avant de fusionner tous deux dans un baiser passionné. Accrochés l'un à l'autre, Severus sentait sous ses mains, le jeune corps ferme couvert de la seule robe légère. Il chuchota dans ses cheveux.
- J'ai tellement rêvé de toi, petite fée.
- Tu m'as manqué, dit Lena répondant à ses caresses.
Ils basculèrent sur le sofa, impatients de se découvrir l'un l'autre. Leurs esprits déjà en harmonie trouvaient la conclusion dans l'union de leurs corps enfin en symbiose.
Lena s'interrogeait sur une chose et demanda plus tard à Severus :
- Pourquoi m'avoir choisi, moi, qui ne suis pas de "ton monde" ? tu m'as dit un jour "j'ai tout de suite été attiré par toi" mais pourquoi ?
- Oh oui, tu étais bien différente et ça m'intriguait et surtout tu as toujours été fière devant moi, me tenant tête parfois, tu n'étais pas comme mes élèves et leur regard de lapin apeuré devant le renard - Lena éclata de rire - tu me faisais confiance et ça c'est la plus belle chose que tu m'aies donnée. Tu semblais croire en moi, acceptant mes défauts...
- Sauf le jour où ...
- Oh je t'avais poussée à bout et tu t'es défendue courageusement.
- Oui, mais je t'ai blessé et je m'en suis voulue, tu sais.
- C'était sûrement salutaire cette blessure, il fallait que je me rende compte à quel point je pouvais être odieux et je n'avais vraiment pas envie de l'être avec toi, crois-moi, mais je n'ai pas pu m'en empêcher.
- C'est effacé maintenant, Lena effleura doucement le front de Severus, il faut oublier ça et puis peut-être cela a-t-il été le catalyseur qui nous a rapproché.
- Peut-être, murmura Severus.
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