Mandragore - la racine à forme humaine
La mandragore est censée naître du sperme d'un pendu ; ses racines évoquent une forme humaine.
Son nom lui vient du grec mandra « étable », et agauros « nuisible ». Elle présente un important contraste entre la touffe et la racine. La plante, haute d'une trentaine de centimètres, dégage une odeur très forte. Les fleurs, dont la corolle formée de cinq pétales soudés à la base est de couleur blanche verdâtre, bleutée ou pourpre suivant les variétés, apparaissent au printemps au centre de la touffe.Elles donnent naissance à des baies jaunes ou rouges à maturité. Les baies de mandragore, de la grosseur d'une noix, de couleur blanche ou rougeâtre, sont un poison, qui ne peut être bénéfique que savamment dosé, d'où son importance en sorcellerie.
La racine, brune à l'extérieur, blanche à l'intérieur, est du type pivotant, souvent lignifiée et peut atteindre après plusieurs années des dimensions impressionnantes (jusqu'à 60 à 80 centimètres et plusieurs kilogrammes). Sa forme souvent anthropomorphe (ses ramifications lui donnant une vague apparence humaine, avec un tronc, des jambes et même - en étant imaginatif - une tête et un sexe), est à l'origine de nombreuses légendes. On parlait autrefois de racines « mâles » et « femelles » mais cela n'a aucun sens sur le plan botanique
Les Grecs la nommèrent « plante de Circé la magicienne ». Symbole de fécondité elle pouvait aussi révéler l'avenir ou rendre riche son propriétaire et lui porter chance.Les précautions lors de la cueillette sont classiquement énoncées dans les écrits de Paracelse dont il existe diverses variantes décrites, mais figurent dans des manuscrits plus anciens. Pour se procurer la racine de mandragore si dangereuse, il fallait des rituels magiques. Celui qui arrache la mandragore sans précaution, s'il ne devient pas fou en entendant les hurlements de la plante, sera poursuivi par sa malédiction.
Selon les divers écrits décrivant les rituels, on sait qu'ils se déroulaient les nuits de pleine lune. Les mandragores qui poussaient au pied des gibets étaient très prisées car on les disait fécondées par le sperme des pendus, leur apportant vitalité, mais celles des places de supplice ou de crémation faisaient aussi parfaitement l'affaire. Une jeune fille était placée à côté de la plante pour lui tenir compagnie. On passait également une corde autour de la racine et on attachait l'autre extrémité au cou d'un chien noir affamé que l'on excitait au son du cor. Les prêtres appelaient alors au loin le chien pour qu'en tirant sur la corde il arrache la plante. La plante émettait lors de l'arrachage un cri d'agonie insoutenable, tuant l'animal et l'homme non éloigné aux oreilles non bouchées de cire. La racine devenait magique après lavage, macération et maturation en linceul ; elle représentait l'ébauche de l'homme, « petit homme planté » ou homonculus - Ainsi choyée, elle restait éternellement fidèle à son maître et procurait à son possesseur, prospérité prodigieuse, abondance de biens, et fécondité
La plante est riche en alcaloïdes délirogènes (environ 0,4 % d'alcaloïdes totaux) et autres composants nocifs. Hallucinogène, pouvant aller jusqu'à la narcose, ses effets sont très toxiques. Contenant de l'atropine et de la scopolamine on en a fait le premier sérum de vérité.
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