L'horrible Comorre (ou Conomor) le barbe-bleue breton
Au VI ème siècle, le comte de COMORRE (ou CONOMOR) possédait un château au lieu-dit « la Motte » où l�on peut encore aujourd�hui apercevoir des vestiges (il y a même un rocher où il déposait ses armes en revenant de batailles). Il régnait en maître totalitaire sur ses domaines. Sa réputation était effroyable et il tuait et pillait pour le plaisir. Mais voici ce que dit la légende :
Le comte de COMORRE, se maria quatre fois...à des demoiselles très huppées de grandes maisons et nées de puissants seigneurs. Chacune d'elles, sans doute, s'imaginait que sa beauté, sa richesse, sa parenté pourrait venir à bout de faire plier la brute.
Mais chacune se trompait lourdement. Car sitôt que la pauvre venait annoncer à son époux qu'elle attendait un petit enfant, le sire Comorre, se débarrassait de la malheureuse... Une prophétie lui avait prédit qu'il périrait de la main de son premier fils né.
Il empoisonna la première, pendit la seconde, brûla la troisième; la quatrième, il lui cassa la tête. Au fur et à mesure, il les rangeait les unes à côté des autres dans la salle basse de sa grande Tour...
Il trouva une cinquième femme, dont il s'éprit tant qu'il fit promesse de tout ce qu'on voulut lui faire jurer. C'était la plus belle, la plus pure, la plus noble des héritières de Bretagne, Tryphine, princesse, fille du Comte-Roi de Vannes - Les choses paraissaient moins mauvaises tout de même quand arriva l'heure où Tryphine comprit qu'elle allait être mère. Mais la fureur de Comorre éclata aussitôt et Tryphine épouvantée, s'enfuit pour rejoindre son père à Vannes.
Ah! la pauvre, pauvre infortunée !
Dans le petit matin frais, elle courut de toutes ses forces, descendit la gorge, franchit le Blavet, remonta, et tomba épuisée de fatigue et d'angoisse. Elle mit au monde son fils Trémeur.
A ce moment, sur un arbre, elle vit se poser un faucon à collier d'or; le propre oiseau-chef de la volerie de son père et qui la connaissait très bien. Elle lui tendit, en le tirant de son doigt, l'anneau bénit, don de saint Veltas, en lui ordonnant de le porter à Vannes pour du secours.
Trop tard! L'oiseau n'était pas parti, que Comorre, conduit par le plus sauvage de ses chiens, arrivait comme un furieux, et d'un revers de glaive, fit rouler dans l'herbe la tête de la mère et de l'enfant. La justice éternelle veillait heureusement. Quand, guidés par le faucon qui avait apporté la bague à Vannes, le Comte-Roi, le Saint et une troupe de barons arrivèrent sur les lieux, les deux corps gisaient là sur l'herbe ensanglantée. Guérok, à genoux, s'abattit de douleur, mais saint Veltas, alors imposa silence aux lamentations, se mit en prières, puis, se relevant, ordonna à la morte : "Debout, au nom de Dieu Tout-Puissant qui est un et triple en la Sainte-Trinité; lève-toi, prends ta tête et ton fils et conduis-nous au château de Comorre"...
Tryphine aussitôt obéit; et l'un portant l'autre, chacun tenant sa tête, les deux corps morts, plus rapides encore que les chevaux de l'escorte refirent le chemin et remontèrent jusqu'au château... Château où Comorre, effaré devant le prodige, faisait lever le pont, hisser la herse, fermer les portes et garnir les remparts de tous les arcs, toutes les arbalètes, toutes les frondes de sa garnison de soudards. Mais saint Veltas prit l'enfant, le posa à terre, et l'enfant tout petit, si petit, sa petite tête morte dans sa main repliée, marcha jusqu'au fossé, prit une poignée de poussière et la lança sur la muraille, en disant d'une voie claire: "La Trinité fait Justice!" Et immédiatement, dans un fracas de tempête déchaînée, avec un grondement de cent tonnerres, une flamme de soufre plus haute que le donjon, dans la terre entrouverte, par le trou de laquelle monta l'immense hurlement de l'Enfer un instant mis au jour, sous leurs tours écroulées, Comorre et ses bandits descendirent chez Satan..
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 14 autres membres