Sortilèges et enchantement

« Gauchin-le-Gal » est un petit village d'à peine 350 habitants du Pas de Calais, situé quelques kilomètres au-dessus d'Houdain et à une vingtaine de kilomètres de Béthune. Sur la petite place du village, près de l'église, se trouve un gros galet de grès de forme ovoïde d’environ 132 kg enchainé et cadenassé solidement à une pierre scellée dans le sol.

On ne connaît pas exactement l’origine de cette pierre, mais la légende raconte que le diable, voulant tracer la chaussée Brunehaut, aurait fait rouler une pierre ronde du haut de la cathédrale de Thérouane vers Arras. Cette pierre aurait arrêté sa course à Gauchin.

Une fois arrivé sur place, ce galet d’humeur taquine, déambule avec bruit et fracas dans les rues, en quête de la maison d’un mari trompé. Après avoir tapé tant et si bien, il s’endort alors sagement sur le seuil jusqu’au matin… Au vu et au su de tous ! Vous comprendrez aisément que cela ne plaît pas à tout le monde

La tradition est formelle, toutes reçurent cette visite d'infamie.

Afin de sauvegarder la paix des ménages, les habitants du village décidèrent de l'enchaîner pour l'empêcher de se promener...

Les années passèrent jusqu’à la Grande Guerre où notre Galet s’échappe à nouveau et le voici reprenant ses pérégrinations nocturnes.

Fût-il libéré par un soldat éconduit ? Par des écoliers malicieux ? Toujours est-il qu’un officier américain, un certain Henry Selden Bacon, décida en 1925 d’arrimer solidement cette pierre de vertu pour la paix de tous.

Quoiqu'il en soit, le gal conserve toujours sa réputation mais depuis qu'il est enchaîné, la paix est revenue dans les chaumières et les femmes du village de Gauchin-le-Gal sont des plus fidèles...